Le hayek, la burqa algérienne- الحايك، البرقع الجزائري



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En 2025 en Algérie, des étudiantes portent le hayek lors la cérémonie de remise de diplômes

Le hayek est le terme qui désigne le voile traditionnel porté par les femmes dans certaines villes algériennes. Le plus célèbre est celui d’Alger, tissé en soie blanche avec des fils dorés appelé hayek m’rama. Apparu à la fin du XIXe siècle, il fut porté avec une petite voilette, appelée « ajar  qui couvrait le visage de la femme, Le hayek existait également au Maroc et en Tunisie avec différentes variations et appellations.

Le hayek avait le même rôle social et politique et la même symbolique que le voile d’aujourd’hui, mais avec beaucoup plus de contraintes pour la femme. Non seulement il couvrait entièrement son corps de la tête aux pieds, mais aussi son visage. Dans certaines régions algériennes, les femmes qui portaient le hayek n’avaient le droit pour marcher dans la rue que d’utiliser un seul œil. Elles ne risquaient pas de faire de longue distance ni de prendre plaisir à se promener.

Étant donné qu’il n’était pas un vêtement, mais un morceau de tissu que la femme devait tenir pour qu’il ne tombe pas, le hayek  ne permettait pas d’utiliser librement ses mains, premiers outils dont la nature a doté l’être humain pour qu’il puisse subsister dans son environnement. Parce qu’il était impossible pour une femme de travailler avec le hayek, les femmes qui le portaient étaient soumises à la domination économique de l’homme et elles étaient davantage victimes de la pauvreté et de la misère que les hommes.

Que le hayek soit en soie ne change rien à son rôle, celui de l’effacement de la femme de l’espace extérieur et de son exclusion du monde du travail et du savoir, ni à ce qu’il représente c’est -à-dire une culture où la société et la politique se font sans les femmes, la moitié de la population. Le hayek n’était pas moins patriarcal et discriminatoire que le voile que les talibans imposent aujourd’hui aux femmes afghanes. C’est la burqa algérienne qui n’est que la claustration des femmes qui se poursuit dans l’espace extérieur.

La lutte de nos mères et de nos grands-mères contre le hayek a été longue et dure. Se débarrasser du hayek signifiait pour elles le droit d’étudier et de travailler. En effet, aucune femme n’allait à l’université ou au travail avec le hayek. C’est la raison pour laquelle, on appelait celles qui le portaient « les femmes d’intérieur », en revanche on appelait les femmes qui s’en étaient émancipées« les civilisées ».

Le hayek fait certes partie des traditions de la société maghrébine et particulièrement de la société algérienne. Cependant, évoquer les traditions doit se faire avec lucidité.

« Les traditions sont des pratiques sociales que nous héritons de nos aïeux. Parce qu’aucune société humaine n’a atteint la perfection, certaines sont bonnes et d’autres moins. Aussi celles qui étaient bonnes dans le passé peuvent ne plus l’être aujourd’hui. Cela ne diminue en rien le respect que nous leur devons. Dans toute société humaine, le respect des descendants pour leurs aînés et leur mode de vie est habituel. Toutefois, le respect n’impose pas la reproduction de celles-ci indéfiniment et sans réflexion. Cela signifierait que nous répéterions les erreurs de nos ancêtres, si erreur il y a, et entraverions notre évolution. » (Razika Adnani, La nécessaire réconciliation, deuxième édition, page 47).

Razika Adnani

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