Cessez-le-feu au Proche-Orient, pour le Hamas, c’est le fiasco



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Lettre ouverte à Monsieur Piolle

Tribune publiée par Marianne

La première étape du plan américain pour le cessez-le-feu à Gaza s’est mise en place ce lundi 13 octobre pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hamas que ce dernier a déclenchée le 7 octobre 2023. Après deux ans de guerre qui ont causé tant de morts, de destruction et de souffrance, qu’est-ce que Gaza et le Hamas ont gagné ? Rien. Strictement rien. Le Hamas, qui est un mouvement de résistance islamique et non de résistance palestinienne, a fait souffrir le peuple palestinien pour se retrouver aujourd’hui au point de départ et même pire.

Dans un communiqué, le négociateur du Hamas Khalil Al-Hayya a remercié les pays arabes qui ont soutenu le peuple palestinien dans cette guerre. En réalité, le soutien des pays arabes et du Maghreb a été très timide, contrairement aux prédictions du Hamas, notamment dans l’article 7 de sa charte. Malgré les mots forts qui ont été utilisés, tels que « génocide » et « famine », et malgré les images choquantes relayées par les différents médias, il n’y a pas eu de grandes manifestations dans les pays musulmans. C’était un soutien très faible en comparaison avec les manifestations précédentes que la question palestinienne avait provoquées et la colère contre les dessins de Charlie exprimée dans tout le monde musulman. Pour le Hamas, c’est un fiasco.

Les attaques du 7 octobre expliquent assurément en grande partie cette situation. Bien qu’applaudies, principalement par les islamistes, elles ont suscité la méfiance parmi les populations vis-à-vis du Hamas et beaucoup ont vu en lui un mouvement terroriste. Même si rien n’a changé concernant leur solidarité avec la population palestinienne, ils n’ont pas oublié les épisodes de leur histoire où des terroristes islamistes ont également massacré des populations. Les exécutions de Palestiniens par les membres du Hamas, dont les dernières ont eu lieu après le cessez-le-feu, ont également choqué l’opinion publique renforçant l’assimilation du Hamas aux mouvements terroristes.

Il y a aussi le fait que le Hamas se veuille un mouvement appartenant aux Frères musulmans. Or, cette confrérie a perdu beaucoup de sa popularité parmi les populations musulmanes, notamment dans les pays musulmans tels que l’Égypte et l’Arabie saoudite où elle est même déclarée mouvement terroriste. Cela explique pourquoi les États, dans les pays musulmans, n’ont pas permis les manifestations de soutien à la guerre à Gaza. Ils craignaient que les islamistes instrumentalisent la cause palestinienne pour se renforcer. Le Hamas, par la voix de Khalil Al-Hayya, a remercié l’Égypte, cette dernière n’a pourtant pas ouvert ses frontières aux Gazaouis qui voulaient fuir la guerre, faisant des Gazaouis le seul peuple au monde à qui on refusait le droit de fuir la guerre. L’Égypte a également bloqué la marche internationale en direction de Gaza. Souffrant depuis presque un siècle de l’idéologie de la Confrérie des Frères musulmans, elle ne voulait pas la victoire du mouvement islamiste du Hamas, car cela signifiait la victoire des islamistes égyptiens.

En Occident, même si la mobilisation des propalestiniens a été forte, les exagérations dans leur comportement, comme le fait de défiler avec le drapeau palestinien tout en s’attaquant à ceux qui portaient le drapeau de leur pays, n’ont pas été bien vues par les populations. Les attaques des juifs dans la rue ont été également très négatives pour la cause palestinienne qui a été assimilée par beaucoup à l’antisémitisme.

La reconnaissance de l’État palestinien par des pays occidentaux que le Hamas souligne comme positive s’avère une simple déclaration. Le plan de paix envisage de confier la gouvernance de Gaza à des forces étrangères qui seraient dirigées par l’ancien Premier ministre anglais Tony Blair. Ainsi, dans cette guerre monstrueuse déclenchée par le Hamas, les Gazaouis ont non seulement vu leurs maisons et leurs villes détruites, mais ont perdu également la souveraineté sur leur territoire. Le bilan est catastrophique pour le Hamas et par la même pour la cause palestinienne.

a réalité, c’est que le seul gagnant dans cette guerre est sans doute Israël. Elle lui a donné l’opportunité de se débarrasser du Hezbollah, son ennemi au Liban, d’affaiblir l’Iran et de démontrer qu’il était certes un petit pays, mais fort militairement et surtout soutenu par la plus grande puissance du monde, les États-Unis.

En conclusion, cette guerre dont le Hamas sort totalement vaincu permettra-t-elle enfin aux habitants de Gaza de se libérer des Frères musulmans qui instrumentalisent leur cause depuis près d’un siècle ? Il est difficile pour le moment de répondre à cette question.

Razika Adnani

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