Le nouvel ouvrage de R. Adnani s’intéresse à la relation entre Islam et raison.



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Le Journal marocain LE MATIN

La raison sert-elle la religion musulmane ou au contraire la dessert-elle ? Telle est l’idée centrale du nouvel ouvrage que vient de sortir le professeur chercheur Razika Adnani.

«Le blocage de la raison dans la pensée musulmane est-il bénéfique ou maléfique pour l’islam ?» tel est le titre de l’ouvrage de Razika Adnani, en langue arabe, paru chez Afrique-Orient. De prime abord, l’auteure tient à clarifier quelques notions. Pour elle, la pensée musulmane, c’est le travail de la pensée des musulmans quand celle-ci prend l’islam comme objet de réflexion. Elle tient également à préciser le sens exact du mot raison dont il est question. Il s’agit, selon elle, de la raison au sens épistémologique et scientifique du terme, soit un ensemble de règles logiques qui font que les propositions se suivent dans un enchaînement cohérent qui la distingue ainsi de la pensée.

Dans ce livre, l’auteure remet en question le postulat selon lequel la raison dessert la religion. Elle explique comment le problème de la raison dans la pensée musulmane s’est posé au lendemain de la mort du Prophète. Ses successeurs ne savaient pas s’ils pouvaient utiliser leur propre pensée comme source de connaissance religieuse et juridique ou s’ils devaient se contenter de la seule source divine.
Dès lors, les musulmans étaient divisés entre ceux pour qui la pensée humaine devait avoir un rôle dans la connaissance juridique et religieuse et ceux qui ne lui reconnaissaient aucun rôle. Cette problématique constitue toujours, selon l’auteure, l’épine dorsale de la pensée musulmane contemporaine. Toutefois, l’auteure explique que cette division n’a plus lieu d’être dans la mesure où l’expérience dans le domaine de la recherche a montré que la pensée s’invitait inéluctablement dans tout travail concernant les textes sacrés. Toute explication ou tout commentaire ne sont en effet que le résultat d’un travail de la pensée humaine, qu’elle soit littéraliste ou non, sauf à se contenter de recopier les textes, comme l’a souvent souligné Ali Harb (célèbre philosophe libanais). 
Du coup, le courant qui récuse la pensée comme source de connaissance ne s’en passe pas réellement, ajoute l’auteure, qui en déduit qu’il n’y a donc pas de problématique de la pensée, puisque les deux courants ont utilisé leur pensée dans leurs travaux.

Si problématique il y a, elle réside en fait dans la manière d’utiliser cette pensée. À côté de ceux qui veulent une pensée rationnelle, respectant les règles de la raison, il y a ceux qui veulent une pensée respectant le sens apparent des textes sans intervention de la raison. Finalement, ce qui était une problématique de la pensée, s’est transformée en problématique de la raison, conclut-elle. Diplômée en philosophie et ancien professeur de philosophie, Razika Adnani se consacre aujourd’hui entièrement à ses travaux de recherche. Parallèlement, elle publie régulièrement des articles dans le journal algérien «Liberté». 

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