La guerre du voile



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Nombreux sont ceux qui considèrent que le port du voile est un devoir religieux incontournable pour les femmes musulmanes. Pourtant, les musulmans savent, même ceux qui ne veulent pas l’admettre, qu’il ne se justifie ni sur le plan social et moral ni sur le plan historique ni même sur celui de la religion.

Ils savent que présenter le voile comme protégeant la femme des agressions sexuelles des hommes est une tromperie. Ils savent qu’il s’agit d’une coutume sociale qui existait avant l’avènement de l’islam. Ils savent qu’il n’est ni un principe fondateur de l’islam, ni un principe de sa pratique. Ceux qui consultent le Coran savent, bien que certains textes mentionnent une façon de s’habiller spécifique pour la femme mais qu’aucun verset n’évoque la chevelure de la femme ni ne lui recommande de la dissimuler.

Admettons que le voile soit une prescription coranique, les musulmans savent que toute recommandation inscrite dans les textes coraniques n’implique pas impérativement son application. L’esclavage, le châtiment de la main coupée y sont inscrits. Ces règles ne sont pourtant plus mises en pratique ni reconnues par une grande partie des musulmans.

Le Coran n’interdit pas non plus la consommation du porc en cas de nécessité. « Certes il vous est interdit la chair d’une bête morte le sang la viande de porc et ce sur quoi on a invoqué un autre que Dieu il n’y a pas de péché sur celui qui est contraint sans toutefois abuser ni transgresser Dieu est celui qui pardonne et le Miséricordieux. » (Sourate 2, La vache, verset 173). Pourtant, non seulement les musulmans ne peuvent pas l’envisager même en cas de grande famine, beaucoup se posent des questions au sujet des vaccins pour savoir s’ils ne comportent pas de la gélatine de porc.

Quant à l’histoire contemporaine, elle montre qu’avant le triomphe des conservateurs, les sociétés à majorité musulmane encourageaient les femmes à se libérer de cette pratique ancestrale patriarcale. Aujourd’hui on voile les petites filles alors qu’elles prennent encore le biberon.  

Si le voile a acquis une grande importance, c’est parce qu’il pérennise la domination masculine d’une part, et d’autre part, il représente pour les islamistes le meilleur indice de la réussite de leur mouvement politique. Comme tout mouvement politique, l’islamisme a besoin de s’imposer dans l’espace extérieur, ce que le voile permet mieux que tout étant donné que la femme le porte dans l’espace extérieur et l’introduit partout. Le voile est une arme de guerre. Guerre que les islamistes gagnent là où ils arrivent à l’imposer.

Le voile n’est pas condamnable uniquement parce qu’il est un emblème politique, mais parce qu’il est une pratique discriminatoire à l’égard des femmes. Il suffit de se rappeler qu’il est imposé à la femme et non à l’homme. Il est le signe d’un statut inférieur auquel la femme a été longtemps assignée. Il se heurte au principe de l’égalité entre les femmes et les hommes qui est une valeur morale et un fondement de la justice sociale.

Le voile discrimine également les femmes non voilées par rapport à celles qui sont voilées. Une discrimination qui remonte également à l’antiquité où le voile a été ordonné aux femmes mariées et libres qui devaient être respectées pour les distinguer des esclaves et des prostituées livrées à la violence et au viol. Une distinction qu’on retrouve dans le verset 59 de la sourate 33, Les Coalisés : « Ô prophète dis à tes épouses à tes filles et aux femmes des croyants de ramener sur elles leurs djalabib ( pluriel de djilbab signifiant robe longue)  ainsi elles seront vite reconnues et ne seront pas offensées ».  Les musulmans racontent que le deuxième calife Omar interdisait aux esclaves de se voiler.

Beaucoup défendent le port du voile en utilisant l’argument de la liberté. Ils s’appuient sur le fait que certaines femmes se disent être libres dans leur choix de se voiler alors que le concept de liberté n’est pas connu dans la pensée musulmane.  Le voile comme les autres pratiques est présenté, compris et vécu comme une obligation juridique et un ordre divin que l’on ne discute pas. Ceux qui utilisent ce concept de liberté sont conscients de sa valeur dans les sociétés occidentales et cela sur le plan social, politique et moral, valeur qu’eux ne lui reconnaissent pas. Seulement, ils voient en lui le meilleur moyen pour défendre le port du voile et l’imposer. Les adeptes du port du voile savent également qu’une personne qui se dit être libre n’est pas forcement libre. Spinoza ne dit-il pas que l’estime d’être libre est une illusion qui émane d’une ignorance des causes qui déterminent les actes ?  Pour Nietzsche, l’être humain pense qu’il est libre lorsqu’il ne ressent plus la pression de ses chaînes du fait d’une longue accoutumance.

Pour en finir : le voile n’est pas un signe religieux. Aucun verset coranique ne dit que la femme doit se protéger la chevelure. Le problème du voile sera réglé lorsqu’on cessera de le présenter comme un signe religieux, mais comme un signe de discrimination, ce qu’il est réellement. 

Razika Adnani 

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2 Commentaire(s)

  1. Soumana Maïga dit :

    Je ne suis pas d’accord avec vos analyses. L’exemple de quelques femmes qui n’en portent pas, n’intégralise pas, le non port du voile.
    Aussi, le voile est bien mentionné dans le Coran.
    Le principe d’égalité entre hommes et femmes, est un principe qui n’est pas islamique. Il est occidental et démocratique.
    Si l’application de la charia concernant le voleur, n’est pas effective dans la majorité des sociétés musulmanes, c’est dû au fait que ces sociétés étaient longtemps soumises à des principes qui ne leur appartiennent pas, et vis à vis desquels, elles sont toujours dominées.

  2. NAILI dit :

    Le port de voile c’est comme on badigeonne un poteau blanc pour qu’il devienne noir sombre,

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