Je voulais parler de philosophie



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« Je voulais parler encore de philosophie, m’exprimer sur l’art et l’histoire malgré le retour en force du religieux ; entre ceux qui voulaient imposer leur islam et ceux qui se défendaient, il y avait de moins en moins de place pour d’autres sujets. L’islamisme réussit dès lors qu’il s’empare de la pensée, l’habite et fait en sorte qu’elle ne pense qu’islam ou à travers l’islam. Je ne voulais pas céder à cette emprise sur l’esprit.

La violence était depuis plusieurs années une des questions qui me préoccupaient. Non seulement celle du terrorisme, mais encore la violence au quotidien. Les Algériens s’exprimaient avec une grande violence, qu’ils subissaient en même temps et qui leur provoquait d’énormes souffrances. Les contacts que j’ai eu la chance d‘avoir avec d‘autres cultures et d’autres populations m’ont permis de réaliser que ce n’était pas une fatalité et qu’il y avait même des sociétés où l’on pouvait sortir et se promener sans avoir peur pour sa sécurité notamment quand on était une femme. Pour moi, il n’y avait pas de doute, la violence s’exprimait là où l’humain manquait de maturité.

J’ai fini par consacrer au phénomène de la violence un ouvrage que j’ai intitulé La nécessaire réconciliation, une réflexion qui a pour objet la connaissance des causes permettant de couper son fil de transmission et ne plus céder à sa tyrannie. Cette réflexion m’a amenée à aborder d’autres thèmes qui sont tous liés à celui de la violence et l’expliquent, tels que la provocation, le beau, la modernité, les traditions, autrui, l’histoire et l’identité.

Le problème identitaire au Maghreb est fondamental et ancestral. Depuis des siècles, les peuples de cette partie du monde sous-estiment leurs origines, dénigrent leur histoire et préfèrent se dire Arabes et encore mieux prétendre avoir des liens de sang avec le prophète. Ce problème qu’on retrouve y compris au sommet des États, a non seulement beaucoup à voir avec le phénomène de la violence, mais il est aussi un des obstacles qui empêchent ces peuples de se construire. Je suis convaincue que la réconciliation des Algériens, tout comme des autres peuples du Nord de l’Afrique avec leur histoire et donc avec eux-mêmes est primordiale pour sortir leurs pays de leur blocage et ainsi pour vivre en harmonie avec les autres. »

 Extrait de l’ouvrage de Razika_Adnani, Pour ne pas céder, textes et pensées publié en 2021 par UPblisher

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2 Commentaire(s)

  1. Isabelle Parisot dit :

    Un grand merci pour cotre conférence de jeudi 9 novembre que vous avez donné pour le Cercle Ernest Renan.

    1. Razika Adnani dit :

      Merci à vous.
      Bien à vous,

      Razika Adnani

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